En savoir plus sur la psychophonie

Marie-Louise AUCHER (1908-1994) Fondatrice de la Psychophonie

 

 

LA DÉCOUVERTE :

 

     C’est au cours d’une répétition à la chapelle de l’école militaire de Paris, que Marie-Louise AUCHER se met à sentir des vibrations au niveau de sa taille à chaque fois que la note « Ré » est chantée. Elle s’en étonne auprès d’amis musiciens qui lui disent avoir senti le même phénomène au même endroit, avec la même note « Ré ». Intriguée, elle ouvre ses perceptions au maximum, et sent bientôt le do médium à la bouche et le sol grave au genou.

     Elle décide avec son ami organiste d’expérimenter chaque semaine ce curieux phénomène, et peu à peu elle est en possession d’une «anatomie humaine»: le dessin sur quatre octaves de l’emplacement exact des contacts vibratoires ressentis au niveau de la tête, du thorax, du bassin et des jambes. Elle le nomme le «schéma de l’homme sonore».

 

 

L’UTILISATION DE CETTE DÉCOUVERTE :

 

Marie-Louise AUCHER raconte 

« Un jour, une grande basse de l’Opéra vint me voir et me dit :

– Il y a ce fameux FA que je ne peux chanter en ce moment. Il revient constamment dans mon rôle et je cherche à masquer ma défaillance.

– Le fa, le fa, lui dis-je, d’après mon « échelle de sons », ce serait là dans votre corps.

Et je lui fis une petite percussion du doigt sur la vertèbre présumée intéressée par ce fa.

-Que me faites-vous ?me dit-il, j’ai mal là!

Pourtant je n’avais pas tapé fort. Or la douleur n’existait ni au dessus, ni en dessous.

     A partir de cet épisode, j’eus l’idée de percuter doucement les vertèbres de mes élèves, pour comparer leurs points sensibles, en rapport possible avec les notes altérées dans leur émission vocale.

     L’expérience fut, dans la plupart des cas, probante. D’où j’imaginais de chanter moi-même les notes de la gamme derrière le dos des élèves, et la réponse sonore que me renvoyait le dos du patient ainsi « ausculté » présentait des variations de sonorités selon l’état des zones horizontales du corps ainsi mis en état de vibration. Cela devenait aussi clair qu’une radio visuelle peut l’être pour un spécialiste.

     J’appelais cette radio sonore: le « cliché des sons ».

 

 

FONDATION DE LA PSYCHOPHONIE

 

     En 1956, Marie-Louise AUCHER rencontre l’acupuncteur MARCEL MARTINY, professeur à l’école d’Anthropologie de Paris avec lequel elle constate une parfaite coïncidence des zones vibratoires avec les points d’acupuncture chinoise.

     Encouragée par des chercheurs et médecins, elle fonde alors la Psychophonie, démarche novatrice dans l’enseignement de la voix et dépose à l’Académie des Sciences la découverte expérimentale de la localisation sonore sur le corps humain.

 

 

HISTORIQUE

 

     Après avoir travaillé auprès de jeunes enfants et d’adolescents, Marie-Louise Aucher enseigne la pose de voix psychologique auprès d’éducateurs et instituteurs.

     Elle fonde en 1960 l’Association française de psychophonie. Voulant faire part de ses recherches dans un terme générique, elle propose ORTHO (droit) PHONIE (son) qui ferait très bien l’affaire, mais le terme vient juste d’être déposé. Un ami lui propose PSYCHO (raisonnement de la tête) PHONIE (son) qui deviendra « Collège de Psychophonie Marie-Louise AUCHER» à sa mort puis en 2008 IFREPmla (Institut de Formation et de Recherche Européenne en Psychophonie Marie-Louise Aucher).

     A partir de 1967, Marie-Louise Aucher propose de nombreuses sessions en France, Belgique, Canada auprès des enseignants, dans des monastères et auprès de ses élèves de chant.

     Sa rencontre avec l’orthophoniste et phoniatre Guy Bourgois va l’aider à élaborer un schéma pédagogique de la Psychophonie proposant une formation diplômante. Ils travailleront 13 ans ensemble proposant différentes sessions de stages.

     Il existe aujourd’hui de nombreuses mouvances issues de la Psychophonie, principalement basées en France.

 

 

PSYCHOPHONIE ET MÉDECINE

 

     De 1951 à 1954, Marie-Louise Aucher s‘initie aux recherches scientifiques internationales sur la phonation au laboratoire de Physiologie à la Sorbonne avec le professeur Raoul Husson

     Plus tard, elle travaille auprès d’enfants dans le service de rééducation fonctionnelle à l’Hôpital Trousseau de 1967 à 1968 avec le professeur Chigot. Le travail vocal permet une évolution et un perfectionnement de l’état nerveux et psychosomatique de ses sujets.

     Elle intervient dans d’autres lieux hospitaliers en service de chant thérapeutique :

– A l’Hôpital national de Charenton – St – Maurice de 1952 à 1955 (sous la direction du professeur Baruk)

– A l’Hôpital Bichat, polyclinique pour les enfants caractériels et déficients mentaux de 1957 à 1959 (Mme Aubry)

– A l’Hôpital de jour «l’Élan » de 1963 à 1970 (M. De Verbizier)

     De 1967 à 1969, elle officie également comme Professeur de chant thérapeutique à l’association Recherche et Rencontres , présidée par le Dr Paul Chauchard qui lui préfacera l’un de ses ouvrages « En corps chantant » .

     Aujourd’hui l’IFREPmla associe une équipe pédagogique de praticiens et psychophonistes à un comité de médecins orthophonistes, ostéopathes, kinésithérapeute, obstétricien, pédiatre et phoniatre.

 

 

LES TRAVAUX EN COURS portent sur

 

     -les liens entre Psychophonie et médecine chinoise

     -les liens entre « le mouvement sensoriel » et la voix en Psychophonie

     -les liens entre l’ostéopathie et la psychophonie

     -les bienfaits des apports de la pratique de la psychophonie dans le domaine de la santé

 

 

HISTORIQUE DU CHANT PRÉNATAL

 

     En 1976, Marie-Louise Aucher s’associe à une de ses élèves sage-femme Chantal Verdière, qui souhaite démarrer le chant prénatal. Associant leurs compétences, elles ouvrent en 1977 un atelier qui aura lieu pendant un an dans le cabinet de Françoise Dolto. Chantal Verdière poursuit l’expérience à la maternité des Lilas, son lieu de travail, tandis que Marie-Louise profitant de l’offre du Docteur Michel Odent se transporte à la maternité de Pithiviers, avant-gardiste dans la prise en charge de l’accouchement et du nouveau-né.

     De nombreux ateliers de chant prénatal sont ouverts actuellement en France, Espagne, Italie, Belgique et Canada.

 

 

MIEUX COMPRENDRE LA PSYCHOPHONIE

 

     Marie-Louise AUCHER donne la définition suivante :

     « La psychophonie est une méthode auto expérimentale d’harmonie physique et psychique utilisant à la faveur de la pose de la voix parlée et chantée les correspondances entre l’homme, les sons et les rythmes. C’est à la fois BUT et MOYEN. »

     Les sons s’exercent sur un mouvement vocal mettant en action l’homme ÉMETTEUR et l’homme RÉCEPTEUR.            L’homme ÉMETTEUR envoie un message vers les autres sous forme de réponse conditionnée, correcte aux sons connus de son entourage. L’homme RÉCEPTEUR reçoit les résonances et vibrations venant de l’extérieur ou de l’intérieur. C’est l’homme en tant qu’ instrument vivant.

     Ces deux fonctions permettent à l’homme de communiquer.

     AU MILIEU se trouve la phase intermédiaire qui se situe en nous même : L’ÉCOUTE INTÉRIEURE.

 

 

LE CORPS RESONNE SUR QUATRE OCTAVES

 

     Les sons émis par les voix féminines résonnent dans la tête pour le 1er octave et le thorax pour le second. Les deux octaves inférieurs émis par les voix masculines résonnent dans le bassin et du haut des jambes jusqu’aux pieds.

     Les résonances ont des effets physiques sur les organes et le squelette. Des zones corporelles tendues ou douloureuses peuvent être mises en résonance afin de les détendre.

     Ce phénomène de résonances permet également de travailler sur la justesse des sons émis , et d’estomper progressivement le « chanté faux ». Nous avons tous la capacité de chanter juste.

     L’oreille n’est jamais fausse, elle n‘est pas montée à l‘endroit ou à l‘envers suivant les personnes. Une résonance se produit toujours à un endroit précis du corps: il suffit alors au « chanteur-faux » de positionner le son à l’endroit du corps correspondant.

 

 

LES POINTS DU CHANTEUR

 

     L’homme est doté de différentes zones ou points corporels nécessaires à la bonne émission des sons. Ils correspondent à des lieux chargés en os, à des muscles, des points d’appuis ou des sensations. Le travail des vocalises va élever le niveau de conscience du chanteur dans la découverte, la conscience puis la maîtrise de ces différents points.

     Leur importance est telle qu’elle modifie profondément l’homme qui est en nous. Leur ajustement apporte joie et équilibre.

     Les points de contrôle de résonances enrichissent le timbre de notre voix de sonorités aiguës ou graves. C’est ce qui distingue la voix de Charles Trénet de celle d’Yves Montant.

     Les points musculaires sont principalement les abdominaux et le diaphragme. Ils ont un rôle essentiel dans la respiration

     Nos points d’appui renforcent l’amplitude et la force du son émis. Ils se situent au niveau des pieds, coudes, doigts, épaules…

     Les points de sensation internes correspondent à l’éveil intérieur de la bouche qui distribue consonnes et voyelles, la mise en forme du moule lèvres-joues-langue qui intervient dans la résonance du son, le sourire intérieur (celui de Bouddha) lié à notre mémoire profonde met en place des images mentales.

 

 

RYTHME ET BALANCEMENTS

 

     Le rythme est exploité dans les civilisations orales pour la transmission et la mémorisation qui passe par le corps, sans l’appui d’un support papier. C’est ce que Marcel Jousse (1886-1951) appelle le « mimisme ».

Ce que nous recevons et ce que nous transmettons s’inscrit dans un rythme. La pluie qui tombe a le sien, qui agit sur le nôtre. Je ne marche pas de la même façon sur un sol humide ou sec. Mon rythme intérieur se modifie.

     La psychophonie utilise quatre axes de balancements qui peuvent être apaisants ou dynamisants. Leur action est directement liée au développement du cerveau. Ainsi un bébé bercé en permanence par les mouvements de sa mère in utéro ressent-il fortement ce besoin de gestuel retrouvé dans le sport, la danse, la marche …

A tout âge ce besoin se fait sentir. Ne plus bouger, c’est mourir.

 

 

COMMENT TRAVAILLE-T-ON EN PSYCHOPHONIE?

 

     L’enseignant propose une palette d’exercices essentiellement vocaux appelés « vocalises » permettant la découverte des différents points du chanteur. La prise de conscience durable de ces points va permettre à l’élève de mieux se connaître, créant une harmonie entre tête et corps, physique et psychisme.

     L’enseignant propose également des chants mettant en application les points du chanteur, les zones de résonances du corps, le souffle et l’amplitude de la respiration, la danse, les rythmes et pulsations.

     Les propositions de l’enseignant sont en accord avec les demandes de l’élève dans le respect de son rythme d’intégration.

 

 

LES TROIS VERTUS DU CHANTEUR

 

     Chanter est à la portée de tous mais demande un état d’esprit qui permet l’éclosion de la voix.

     Marie-Louise AUCHER enseignait trois vertus nécessaires et suffisantes au soutien du chanteur:

– avoir confiance en soi et croire en ses possibilités

– espérer un perfectionnement et une amélioration par un travail quotidien

– avoir l’estime de soi-même, s’avoir bien s’aimer et savoir s’arrêter si ça ne va pas.

 

 

MA VISION PERSONNELLE DE LA PSYCHOPHONIE

 

     La psychophonie permet à chacun de suivre et de construire son propre chemin. Elle est le guide précieux qui peut aider chacun de nous à s’enrichir de la découverte de son propre corps.

     Tout le long de notre vie, notre corps résonne aux sensations, aux sons et bruits qu’il emmagasine. Il se construit d’une multitude de gestes quotidiens qui peu à peu et parfois pernicieusement lui imposent des changements néfastes. C’est ainsi par exemple que nous « désapprenons » la respiration abdominale que nous faisions spontanément et naturellement dans notre plus jeune âge, grâce à l’injonction bien connu: « Tiens toi droit, rentres ton ventre ». Notre corps est parfois douloureux et trop souvent maltraité par nous-même qui l’écoutons si peu.

     La psychophonie permet de retrouver les gestes innés de la marche ou de la respiration. Elle oriente notre place sociale en tant qu’individu dans le respect de notre entourage.

     Travailler le chant, c’est se comprendre et aider différentes parties de notre corps à devenir ou redevenir harmonieuses. C’est aussi vivre le mouvement et la danse qui nourrissent notre cerveau.

     C’est faire l’expérience d’un immense enrichissement personnel par le vécu musical.